Afin de comprendre la nature d’Imana ou l’Amen ou le créateur dans la pensée africaine authentique, il faut rappeler tout d’abord, que pour nos ancêtres, le principe divin est un principe unique. Le nom même d’Imana ou Amon renvoie à ces notions d’insondable, d’impénétrable, etc… Ceci dit, les prêtres Kémites conceptualisaient dans un premier temps le principe divin comme étant un principe unique (c’est à dire monothéisme) et caché, contenant en lui-même l’origine de l’existence de toutes choses. Dans un second temps ce principe divin est de nature androgyne, c’est-à-dire de nature mâle et femelle, ce qui lui permet de créer toutes les choses existantes (humains, animaux, végétaux, etc.. sur le modèle mâle et femelle). Dans un troisième temps, le principe divin possède plusieurs formes, plusieurs manifestations. Et c’est cette partie de la vision religieuse des prêtres Kémites qui est la plus mal comprise au sein des africains, on dirait même la plus mal perçue en raison de la très grande ignorance qui règne sur le continent. Comment expliquer le fait que la spiritualité africaine puisse être monothéiste alors que son être suprême se manifeste sous plusieurs formes ? Et beh ce qu’il faut savoir c’est que lorsque le principe divin (Imana) se manifeste sous la forme par exemple de l’amour, nos ancêtres de la vallée du Nil assimilaient cet amour de l’être suprême à l’amour d’une mère pour son enfant. Voilà pourquoi, ils représentaient l’image d’Aset ou Isis avec l’enfant Heru ou Horus. Lorsque le principe divin ou Imana ou l’être suprême se manifeste sous la forme de la vérité, la justice, l’ordre, l’harmonie, on représente la Maât ou on l’appelle ainsi. Lorsque le principe divin ou Imana se manifeste sous la forme de la connaissance, de l’omniscience, de la parole, on représente Djehouty ou Thot… Etc… Ce sont ses diverses manifestations sont en fait les divers aspects d’un même être, Imana ou l’Amen. Donc pour nos ancêtres de la vallée du Nil, le Créateur est Amour (c’est-à-dire Aset ou Isis) vérité, justice, ordre, harmonie (c’est-à-dire Maât), Il est celui qui sait tout, qui détient toute connaissance (c’est-à-dire Djehouty ou Thot), etc… mais en fin de compte Il est Imana (c’est-à-dire le Caché) car il est tellement grand, insondable, insaisissable, mystérieux etc….qu’on ne peut pas le cerner entièrement et totalement. Et comme on ne peut pas le cerner entièrement, c’est ça qui fait qu’on lui rend des cultes à travers ses propres diverses manifestations à savoir le culte à d’Osare ou Osiris, le culte à Aset ou Isis, le culte à Ra, etc… Il n’y a donc jamais eu plusieurs divinités à Kemet en réalité, mais un seul et unique principe divin dont l’essence profonde est cachée (Imana/Amon/Amen) mais qui s’exprime sous diverses formes, sous diverses manières de faire et d’agir. Dans un quatrième temps, le principe divin étant donné qu’il est le principe contenant en lui même l’origine de l’existence de toutes choses et les faisant vivre au quotidien, l’essence de toutes les choses existantes (c’est à dire nature, écosystèmes, végétaux, animaux, êtres humains, etc…) sont en lui viennent de lui et sont animées de son énergie. Ainsi la nature entière est divine et sacrée, il faut donc la respecter – ce qui sous-entend le principe de l’écologie – car ne pas respecter la nature est offenser directement le principe divin qui s’y trouve, l’être humain est également divin, donc les racistes et barbares doivent savoir qu’il ne faut pas tuer l’être humain ou le réduire en esclavage car en le faisant vous offensez directement le principe divin qui s’y trouve, Etc… Cette conception d’Imana ou de l’Amen que nous trouvons dans les textes pharaoniques se retrouve dans toutes les traditions négro-africaines actuelles.