Un bateau se retrouve à la dérive des côtes africaines. A son bord, des hommes et des femmes à la peau noire, entassés comme des bêtes de somme, liés par des chaines à un destin commun. Le corps enduit de sueur, le ventre vide, le regard hagard, enchaînés de la tête au pieds et allongés dans un bateau pour un périple outre atlantique vers une terre inconnue.
Puis vendus, marqués au fer comme du simple bétail, perdant toute dignité, ils furent traités comme des animaux.
Coupés de leurs terres, de leurs cultures, de leurs croyances, ils perdirent leur histoire, devenant des spectres sans profondeur, des ectoplasmes sans densité, des morts vivants sans âme, ils errèrent à la surface de la terre sans but précis et sans laisser d’empreintes.
La mémoire de nos ancêtres a été effacée de notre inconscient collectif et notre héritage a été spolié.
Mais, les chaînes psychologiques de la servitude n’ont jamais été véritablement brisées. A l’instar de l’éléphanteau dressé à rester attacher à un arbuste et qui devenu un puissant pachyderme adulte n’essayera même pas de s’en s’échapper, l’esclave affranchi, voyant ses chaines déliées par son oppresseur d’hier, ne cherchera jamais sa véritable libération. Il a été assez conditionné par son maître pour qu’une fois ses fers tombés, il reste enfermé dans une cage de servitude encore plus grande: Celle de l’illusion et du conditionnement.
La liberté ne se donne pas, mais s’obtient après une longue lutte acharnée.
Tout comme le gladiateur arrachant sa liberté en bravant la mort dans l’arène, l’esclave doit se lever et s’armer de connaissance.
C’est ainsi que de vacuité, il deviendra homme-conscient et que d’esclave-affranchi, il sera enfin libre.