Harriet Tubman est la plus connue des chefs de réseau de l’Underground Railroad. Pendant une dizaine d’années elle a fait 19 voyages dans le Sud et escorté plus de 300 esclaves vers la liberté, vers les États libres ou le Canada. Et, comme elle l’a fièrement précisé une fois à Frederick Douglass, pendant tous ses voyages elle n’a jamais perdu un seul passager “never lost a single passenger”.
Sa petite enfance
Harriet Tubman est née esclave dans le Comté de Dorchester dans le Maryland autour de 1820, de parents esclaves, ses ancêtres étaient de pure race africaine, son nom de naissance est Araminta Ross. Elle a vécu sa petite enfance auprès de sa grand-mère qui était trop âgée pour travailler. À l’âge de cinq ou six ans, son maître Edward Brodas l’a prêtée à un couple chez lequel elle a travaillé à faire de la couture, elle était fréquemment battue. Un peu plus tard elle posait des pièges à rats. Renvoyée, elle a été ensuite employée de maison et baby-sitter. Comme s’était la coutume dans les plantations, quand elle eut 11 ans, elle a commencé à porter un bandana de couleur claire pour indiquer qu’elle n’était plus une enfant. Vers 12 ans elle prend le prénom de sa mère, Harriet. Elle fut donc envoyée au travail dans les champs. Elle était encore adolescente, quand elle fut victime de blessures qui la suivront pour le reste de sa vie. Un contremaître blanc en colère lui donna un coup sur la tête pour avoir refuser de l’aider à arrêter un homme qui tentait de s’échapper.
Son mariage
Vers 1844, elle s’est mariée avec un Afro-Américain libre appelé John Tubman qui ne partageait pas son rêve. Depuis qu’elle était esclave, elle savait qu’il y aurait une chance pour qu’elle soit vendue et son mariage était un dilemme. Harriet rêvait de voyager au nord. Là-bas, elle pourrait être libre et ne serait pas obligée de se faire du souci à propos d’un divorce fait avec les traditions réservées aux esclaves. Mais, John ne voulait pas qu’elle aille au nord. Il disait qu’il était bien où il était et qu’il n’avait pas de raison d’aller au nord. Et John ne voulait pas qu’elle se rende au nord. Il l’a menacée de la dénoncer à son maître. Mais, n’écoutant que son besoin de liberté elle laissa son mari et s’échappa vers Philadelphie.
Sa fuite
En 1849, dans la crainte d’être vendue, avec les autres esclaves de la plantation, Harriet Tubman se résolut à fuir. Elle est partie une nuit à pied. Avec l’aide amicale d’une femme blanche, elle a trouvé une première maison sur son chemin vers la liberté. A la première maison elle a pris une voiture, dissimulée sous un sac, en direction de sa prochaine destination. Elle a trouvé des gens assez gentils pour lui indiquer des endroits où s’adresser pour l’aider pendant sa traversée la ligne Mason-Dixon (frontière entre les États libres et les États esclavagistes). Puis, elle a fait du stop avec une femme et son mari qui passait par là. Ils étaient abolitionnistes et l’ont conduit jusqu’à Philadelphie. Là, elle a trouvé du travail et a économisé son argent afin d’aider d’autres esclaves. Elle y a rencontré William Still (1821-1902) qui fut un des plus énergique relais de l’Underground Railroad.
Sill était un noir né libre en Pennsylvanie qui savait lire et écrire. Il utilisa ses talents pour interroger des esclaves en transit et transcrivit leurs noms et leurs histoires dans un livre. Still publia son livre en 1872 sous le titre: “The Underground Railroad” dans lequel il décrit les efforts d’Harriet Tubman. Il est encore publié de nos jours.
En 1850, avec l’aide de W. Still elle aida ses premiers esclaves à s’échapper vers le nord. Elle envoya un message au fils aîné de sa sœur leur indiquant de prendre un bateau de pêche à Cambridge. Ce bateau les emmènerait à Chesapeake Bay où Harriet les attendait à Bodkin Popint. Puis, Harriet les guida jusqu’à Philadelphie.
Méthodes
Son succès dans ses aventures était en grande partie dû à sa grande intelligence, son astuce, son audace et son caractère impitoyable, qu’elle mit au service de plans très bien établis pour ses expéditions. Elle s’appuya sur la communauté noire, très soudée, afin de l’aider à ramener sa famille et ses amis durant la plupart de ses missions au Maryland. Elle était attentive à ne pas rencontrer ses contacts à proximité des plantations d’où ils devraient s’échapper: Elle leur envoyait des messages, de sorte qu’ils puissent la rencontrer dans un endroit secret. Elle était très versée dans les déguisements. Une fois, elle prit la précaution d’emporter deux poulets avec elle. Il advint qu’elle se sentit en danger, lorsqu’elle tomba quasiment nez à nez avec son ancien maître. Elle lâcha alors les poulets, et se mit à courir derrière pour les rattraper. Cela amusa le maître, qui ne réalisa jamais que la chasseuse de poulets maladroite était, en fait, une rusée voleuse d’esclaves.
Une fois, dans une gare ferroviaire, elle s’aperçut que les chasseurs d’esclaves évadés surveillaient les trains se dirigeant vers le nord, dans l’espoir de les capturer, elle et ses protégés. Sans hésiter, elle fit embarquer son groupe dans un train à destination du Sud, pariant avec succès que jamais ses poursuivants n’anticiperaient le fait qu’elle puisse s’enfoncer en territoire ennemi ; plus tard elle reprit la route prévue, depuis un endroit plus sûr.
En plus de cela, elle avait une doctrine stricte qui était que, bien que tout esclave pouvait refuser le risque d’aller au Nord, quiconque aurait décidé d’aller au Nord mais se raviserait à mi-chemin devrait être abattu, afin d’éviter que le contestataire ne risque de trahir le groupe. Heureusement, il semble qu’elle n’eut jamais besoin d’en arriver à de telles extrémités.
Vie après la Guerre de Sécession
Après la guerre, Harriet Tubman devint une militante pour les droits des Afro-Américains et des femmes. Elle travailla en particulier à promouvoir la cause du suffrage féminin. À une femme blanche qui lui demandait si elle croyait que les femmes devraient avoir le vote, elle répondit qu’elle avait «assez souffert pour le croire». Tubman assista d’abord aux réunions des organisations suffragistes, avant de s’engager aux côtés de femmes telles que Susan B. Anthony et Emily Howland. Elle se rendit à New York, Boston et Washington pour participer à des conférences en faveur du droit de vote des femmes. Son argumentation visait à démontrer que les femmes méritaient par leurs actions d’accéder aux droits politiques. Elle illustrait son propos en décrivant sa propre action pendant et après la guerre de Sécession et mettait en avant le sacrifice des innombrables femmes qui avaient œuvré en faveur de la nation américaine.
Grâce à Sarah Bradford qui fit office de biographe et transcrivit ses récits, elle vit l’histoire de sa vie publiée en 1869 sous le titre de Scènes de la vie d’Harriet Tubman (Scenes in the Life of Harriet Tubman).
- Elle est inscrite au National Women’s Hall of Fame.