L’enjeu essentiel de la production artistique du négro-africain se situe toujours par delà la recherche de l’idéal et de la beauté car l’art africain n’est pas à l’instar de l’esthétisme gréco-latin un “mimêma tou pantos”, une mauvaise imitation de la nature: l’art africain est fondamentalement symbolique.
L’initiation exige que l’existant purifie sa nature grossière dans la transmutation cathartique des valeurs négatives de sa personnalité afin de “renaitre de nouveau”.
L’art-thérapie s’avère dans cette entreprise existentielle un outil privilégié pour la libération de nos âmes captives de la matière afin que nous puissions faire notre entrée dans le champ symbolique.
A l’origine de l’art-thérapie comme activité créatrice, il y a le désir de créer des formes afin de maîtriser les affres de l’existence et de retrouver le sentiment de continuité existentielle ou d’éternité (culturelle).
En effet, les sociétés d’initiation fondent l’activité des masques (et de l’embaumement) sur l’angoisse de mort qui se répandit sur le groupe social à la mort de son chef: le “grand mort”.
Le premier tailleur de masques est celui qui a eu l’idée d’enfermer le corps éthérique du grand mort dans le bois. C’est en réalisant la représentation symbolique du chef décédé et en l’élevant au rang d’Ancêtre titulaire, gardien du groupe social, que le premier initié a jugulé l’angoisse de mort et a apporté la sérénité et l’espoir dans le cœur de la population.
Pour le créateur négro-africain traditionnel, l’activité artistique est un moyen de liquidation du deuil qui culmine à la résurrection symbolique du Père sous la forme d’une représentation idéogrammatique.
Finalement, les idéogrammes sont à prendre comme une métaphore de l’ancêtre rayonnant dans le ciel de la culture.. la vérité oblige que le langage qui résulte de la maitrise de l’esprit des idéogrammes, est la création originale des artistes africains traditionnels œuvrant dans des Bois Sacrés.
Ainsi depuis Méroé et l’Egypte ancienne, la tradition africaine est-elle fondée sur le principe selon lequel on ne naît pas Homme mais qu’on le devient à la faveur d’un processus d’initiation.
La solution de sortie de crise de la civilisation passe nécessairement par la réhabilitation de l’ancêtre fondateur de l’Ordre Culturel Humain.