Comment s’expliquent les similitudes entre l’Égypte ancienne et l’Afrique Noire? Dans quelle mesure se partagent les influences du berceau sahélien d’une part, et de l’Égypte des pharaons, d’autre part ? Les traditions orales ouest-africaines ignorent néanmoins le Sahara et désignent la vallée du Nil (Korotomou ba des traditions mandé, Heli et Yoyo chez les Peuls), comme région d’origine de plusieurs peuples d’Afrique de l’Ouest.
Ce livre, une suite logique de De l’origine égyptienne des Peuls, focalise la problématique des relations entre l’Égypte ancienne et l’Afrique sur l’ensemble que constitue l’Afrique de l’Ouest et présente dans ce domaine des convergences capitales jusqu’ici inédites. Se repose ainsi la question de l’unité culturelle négro-africaine : les multiples similitudes entre l’Égypte et l’Afrique Noire s’expliquent-elles uniquement par un berceau saharien commun, disloqué avant l’éclosion de la civilisation pharaonique, et des influences tardives et indirectes du pays des pharaons sur le reste du continent ? C’est ce schéma-là qui, malgré ses insuffisances manifestes, a la préférence de bon nombre de spécialistes de disciplines et d’appartenances diverses. Pourtant les traditions orales négro-africaines ignorent le Sahara et désignent avec insistance la vallée du Nil comme région d’origine de bien des populations fixées de nos jours à l’extrémité occidentale de l’Afrique. Aujourd’hui, grâce à elles, il est établi dans ce livre que Korotoumou ba (le fleuve de Korotoumou) et la ” Grande Eau ” des traditions mandé, ainsi que Heli et Yooyo, le pays mythique des Peuls, renvoient incontestablement à la vallée du Nil. Mais de manière encore plus éclatante, elles permettent de cerner avec précision les origines du premier grand État de l’Afrique de l’Ouest, Ghana : celles des Soninkés, corroborées par les données de l’égyptologie et de l’archéologie ouest-africaine, permettent maintenant d’affirmer avec certitude que ce ne sont pas les néolithiques de Dhar Tichitt qui en sont les fondateurs, comme certains l’ont soutenu jusqu’ici, mais les éléments de l’une des toutes premières vagues migratoires qui fuyaient l’invasion perse de la grande métropole négro-africaine.