Au cœur de la civilisation égyptienne, la Maât incarne un concept fondamental reflétant l’ordre, la vérité, la justice et l’harmonie universelle. Elle représente bien plus qu’une simple idéalisation de l’éthique sociale et religieuse ; elle est le pilier sur lequel reposait la stabilité de tout l’univers, aussi bien dans la vie quotidienne des anciens Égyptiens que dans leur vision de l’au-delà. Cette notion de Maât souligne combien les anciens Égyptiens accordaient de l’importance à l’équilibre et à l’ordre dans tous les aspects de leur existence, faisant de la justice et de l’harmonie les pierres angulaires de leur société.
Dans cet article, nous explorerons les origines et le symbolisme de la Maât, sa relation inextricable avec l’ordre cosmique, son influence profonde sur la société égyptienne, ainsi que son rôle essentiel dans le concept de l’au-delà. À travers les sections dédiées aux origines et symbolisme de Maât, à son rôle dans l’ordre cosmique, dans la société, et enfin, dans l’au-delà, nous découvrirons les enseignements que l’ancienne Égypte nous a légués sur la nécessité de maintenir équilibre et harmonie dans notre monde.
Origines et symbolisme de Maât
La naissance mythologique de Maât
Maât est étroitement liée à la cosmogonie égyptienne, où elle est décrite comme la fille de Rê, le dieu soleil et créateur. Cette association illustre son rôle fondamental dans l’ordre cosmique et social. Selon la mythologie, Maât serait née du dieu Rê au début de la création, une période marquée par l’émergence du monde à partir des eaux primordiales de Nun. La présence de Maât dès les premiers instants de la création souligne son importance comme principe ordonnateur et stabilisateur 1.
La représentation iconographique de Maât
Maât est représentée de manière anthropomorphe, souvent sous la forme d’une femme, ce qui est typique pour les concepts abstraits personnifiés dans l’art égyptien. Elle est généralement vêtue de la longue robe collante des déesses et porte des bijoux traditionnels. Sa représentation la plus emblématique inclut une plume d’autruche sur la tête, symbolisant la légèreté et la justice. Cette iconographie n’est pas seulement décorative mais renforce le rôle de Maât comme symbole de l’équilibre et de l’harmonie 2.
La signification de la plume d’autruche
La plume d’autruche, ou la plume de Maât, est un symbole puissant dans la culture égyptienne. Elle est utilisée lors du rituel de pesée du cœur dans l’au-delà, un moment décisif où les âmes des défunts sont jugées. Si le cœur du défunt est aussi léger que la plume, cela signifie qu’il a vécu une vie conforme aux principes de Maât. Cette plume n’est pas choisie au hasard; sa symétrie et sa capacité à être perturbée par le moindre souffle d’air illustrent parfaitement les concepts d’équité et de sensibilité au désordre, essentiels à l’ordre cosmique et social égyptien 3.
Maât et l’ordre cosmique
Le rôle de Maât dans la création et l’équilibre du cosmos
Maât, dans la mythologie égyptienne, est essentielle à la création et au maintien de l’équilibre cosmique. Elle est décrite comme la fille de Rê, le dieu soleil et créateur, soulignant son rôle central dans l’ordre cosmique et social 4. Maât est perçue comme la norme universelle établie par le Créateur, incarnant l’équilibre, la justice, et l’ordre nécessaire pour conformer les actions à la loi 4. Son influence est si profonde que le premier devoir du pharaon est de faire respecter la loi de Maât dans toute l’Égypte, illustré par des représentations sur les murs des temples où le pharaon fait l’offrande de Maât à une divinité 4.
Maât et la lutte contre le chaos
Maât est le contraire direct de l’Isfet, qui représente le chaos, l’injustice et le désordre. Le rôle du pharaon, en tant qu’archétype du prêtre égyptien, inclut de promouvoir l’ordre de Maât et de repousser l’Isfet. Cela implique de gouverner le royaume avec rectitude et de combattre les forces du chaos, qui sont sources d’iniquités flagrantes 5. Les Textes des pyramides décrivent cette responsabilité royale comme un devoir de “ramener la Maât et de repousser l’Isfet”, mettant en évidence la dualité de l’action royale en matière de gouvernance et de maintien de l’ordre cosmique et social 5.
Maât et Heka, la magie égyptienne
Maât est étroitement liée à Heka, la divinité de la magie, qui joue un rôle crucial dans le maintien de l’ordre cosmique et social. Heka, représenté comme une force permettant d’influencer le cours des événements, est considéré comme le soutien de l’humanité et des dieux, ainsi que de l’univers lui-même 6. Cette magie, appelée Heka, est vue comme une composante essentielle de la vie et de la mort, influençant le destin et permettant l’interaction avec les forces divines créatrices 6. Le rôle de Heka aux côtés de Maât renforce l’idée que l’équilibre cosmique et l’harmonie sont maintenus grâce à une combinaison de justice divine et de magie 6.
Maât dans la société égyptienne
L’influence de Maât sur la justice et la loi
Dans l’ancienne Égypte, Maât ne se limitait pas à un concept religieux ou mythologique ; elle incarnait également la base de la législation et de la justice. En tant que fille de Rê, Maât guidait le pharaon, qui était le législateur unique. Les lois qu’il promulguait s’inspiraient de la sagesse divine, visant le bien commun et la concorde sociale. Ces lois, conservées dans les archives sous la supervision du vizir, étaient appliquées à tous sans distinction, reflétant ainsi l’universalité et l’équité de Maât 7. Cette intégration de Maât dans le système juridique souligne son rôle fondamental dans la régulation de l’ordre social et la distribution équitable des ressources, notamment lors des périodes de famine où le pharaon ouvrait les greniers pour assurer la survie du peuple 7.
Maât et la hiérarchie sociale
La société égyptienne était profondément stratifiée, mais chaque strate avait un rôle à jouer selon les principes de Maât. Le respect de ces principes par tous, du pharaon aux artisans, garantissait l’harmonie sociale et cosmique. Les enseignements et les textes de sagesse, tels que ceux rédigés par le pharaon Khéty, articulaient clairement ces attentes. Ils ne présentaient pas le pharaon comme un être divin infaillible, mais plutôt comme un leader responsable devant maintenir Maât pour assurer la stabilité de la société et l’ordre cosmique. Le respect de Maât par chaque individu était crucial pour la survie de la communauté et la prospérité du royaume 7 2.
Le rôle du pharaon comme garant de Maât
Le pharaon, en tant que fils de Rê et représentant des dieux sur Terre, avait pour première mission de maintenir l’ordre de Maât. Cette responsabilité était manifeste dans ses devoirs quotidiens, qui incluaient le culte divin et la supervision de la justice. Le pharaon était perçu non seulement comme le maître de la justice mais aussi comme le garant de l’équilibre entre les hommes et les dieux. À travers des rituels et des décrets, il veillait à ce que Maât soit respectée, assurant ainsi la stabilité et l’intégrité de l’État. Les magistrats, sous son autorité, proclamaient leur conformité à Maât, affirmant ainsi leur légitimité et leur capacité à administrer la justice de manière équitable 8 9.
Maât dans l’au-delà
La pesée du cœur et le jugement des morts
Dans l’Égypte ancienne, la pesée du cœur était une étape cruciale dans le jugement des âmes des défunts. Le cœur, laissé dans le corps lors de l’embaumement, était considéré comme le siège de la conscience et des mémoires du défunt. Sur la balance, le cœur était placé sur un plateau face à une plume d’autruche, symbole de Maât, sur l’autre plateau. Si le cœur était en équilibre avec la plume, cela indiquait que le défunt avait vécu une vie conforme aux principes de Maât et pouvait ainsi accéder à l’au-delà 1011. En cas contraire, le cœur était dévoré par Ammout, la dévoreuse des morts, symbolisant ainsi un échec à vivre selon la justice et la vérité 11.
La confession négative
La confession négative était une pratique où le défunt devait déclarer devant un tribunal de quarante-deux juges qu’il n’avait pas commis certaines fautes durant sa vie. Cette déclaration, souvent inscrite dans le Livre des morts, était cruciale pour être jugé digne de rejoindre l’au-delà. La non-committal de ces fautes, listées dans la confession, était essentielle pour prouver l’adhésion aux valeurs de Maât et éviter les conséquences de l’Isfet, le désordre et l’injustice 312.
La symbolique de Maât dans les rites funéraires
Maât jouait un rôle symbolique fort dans les rites funéraires égyptiens. Sa plume, utilisée dans la pesée du cœur, était choisie pour sa symétrie parfaite, représentant l’équité et la justice. Cette plume était aussi sensible au moindre désordre, illustrant la fragilité de l’équilibre entre le bien et le mal. Les illustrations de ces rites montrent souvent Maât près de la balance, supervisant le jugement, ou à côté d’Osiris, affirmant son rôle essentiel dans le processus de jugement des âmes 13.
Conclusion
À travers les siècles, la Maât a incarné les principes d’équilibre, de vérité, et de justice, formant l’épine dorsale de la civilisation égyptienne antique. Ce voyage à travers les valeurs essentielles de la Maât nous a révélé comment ces principes ont façonné non seulement l’ordre cosmique et social, mais aussi le concept de l’au-delà, soulignant ainsi leur importance intemporelle. L’harmonie universelle recherchée par les anciens Égyptiens à travers la Maât nous incite aujourd’hui encore à réfléchir sur la manière dont nous pouvons intégrer ces valeurs fondamentales dans notre quotidien, dans le but de maintenir l’équilibre et la justice dans notre monde. La symbolique de la plume d’autruche, reflétant la légèreté et la justice, nous rappelle que chaque action et décision devrait viser à préserver l’harmonie et l’équité, principes parfaitement illustrés par la profonde réflexion sur la Maât et son influence sur la société égyptienne. Achetez ce livre pour explorer davantage sur l’héritage de la Maât et son impact sur la civilisation égyptienne. Laissons-nous inspirer par la sagesse de la Maât pour forger un avenir où l’équilibre, la vérité, et la justice prévalent, perpétuant ainsi son leg pour les générations à venir.
FAQs
1. Quelle est la signification de Maât dans la mythologie égyptienne ?
Maât représente la déesse de l’harmonie cosmique, de la justice, de l’équité, de la paix, de la vérité, de l’ordre mondial et de la conduite morale selon la mythologie égyptienne.
2. Quels textes décrivent les principes de Maât ?
Les principes de Maât sont décrits dans les 42 Lois de Maât, qui sont des directives morales de l’ancienne Égypte, essentielles pour accéder à l’au-delà. Ces lois sont mentionnées sous le nom de La Confession Négative dans le papyrus de Nebseni.
3. Quels sont les principes essentiels de la civilisation égyptienne selon Maât ?
Les principes essentiels incluent la justice et la vérité, l’ordre et l’équité. Maât est le pilier de toutes les sphères de la vie égyptienne, englobant les aspects religieux, cosmiques, politiques, sociaux et personnels.
4. Comment les Égyptiens percevaient-ils la mort ?
Pour les Égyptiens, la mort était vue comme un passage vers l’au-delà, une croyance influencée par le mythe d’Osiris, un élément central de leur religion.
Références
[1] – https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-15014/maat/
[2] – https://fr.wikipedia.org/wiki/Ma%C3%A2t
[3] – https://www.osirisnet.net/dieux/maat/maat.htm
[4] – https://histophile.com/dictionnaire/maat/
[5] – https://fr.wikipedia.org/wiki/Composition_de_l%27%C3%AAtre_dans_l%27%C3%89gypte_antique
[6] – https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-15727/heka/
[7] – https://fr.wikipedia.org/wiki/Fonctions_pharaoniques
[8] – https://www.universalis.fr/encyclopedie/pharaon/3-le-garant-de-l-ordre-universel/
[9] – https://journals.openedition.org/droitcultures/3510
[10] – https://lyc-violletleduc.ac-versailles.fr/IMG/pdf/peseecoeuregypte.pdf
[11] – http://ancienegypte.fr/tribunal/balance.htm
[12] – https://fr.wikipedia.org/wiki/Jugement_de_l%27%C3%A2me_(%C3%89gypte_antique)