Les jeux de stratégie existent depuis que l’homme est passé de l’état de chasseur cueilleur à celui d’éleveur et artisan, vivant dans des cités, avec des structures politiques et religieuses. Ce n’est pas un hasard, mais la conséquence de ces nouvelles organisations qui ont permis de disposer de temps libres pour la religion et pour le loisir. C’est pourquoi des jeux précurseurs, plus ou moins proche des échecs sont nés dans toutes les premières cités de l’humanité .
Le Senet Égypte (-3500 av JC
Le jeu de senet est un jeu de plateau de l’ancienne Égypte. Les premières traces de ce jeu datent de la période pré dynastique et de la première dynastie (entre 3500 et 3100 avant J.C.). Une peinture murale du tombeau de Hesyrê (IIIe dynastie : env. 2686-2613 avant Jésus-Christ) constitue le vestige le plus connu du senet.
On en a par ailleurs découvert beaucoup d’autres, qui datent des dynasties ultérieures et plusieurs plateaux, dont certains dans un état de conservation remarquable, accompagnés de pions et de bâtonnets servant de dés. Un des plus beau est probablement celui trouvé dans la tombe de Touktenkak-Hamon qui est exposé aujourd’hui au musée du Caire.
Vous pouvez également voir de beaux exemplaire de ce jeu au Musée du Louvre.
Très populaire, ce jeu semble avoir été pratiqué par toutes les couches de la société. Dans la vallée des rois, on a retrouvé dans les habitations des ouvriers qui construisaient les tombes royales, de nombreux exemplaires de ce jeux populaires. Malgré cela, aucun des papyrus retrouvés ne nous indique avec exactitude comment on y jouait. Ce jeu avait probablement une connotation religieuse en relation avec le livre des morts. Il s’est répandu en Méditerranée, particulièrement à Chypre et en Crête, en perdant, au passage, son aspect religieux.
Bien qu’il soit probable que l’origine du jeu d’échecs soit à rechercher en Chine, c’est en Inde, vers 570 apr. J.-C., que l’on rencontre la plus ancienne mention du jeu dont dérive l’actuel jeu d’échecs. Il s’agissait du çaturanga ou « jeu des quatre rois». L’échiquier se composait de soixante-quatre cases. Le jeu était joué par quatre personnes, chacun ayant un roi, une tour, un cavalier, un fou et quatre pions. Les deux joueurs vis-à-vis (jaunes et rouges) étaient alliés contre les deux autres (verts et noirs).
Dans le çaturanga les points se décidaient en jetant les dés. Les pièces se plaçaient dans l’ordre suivant : dans le coin le fou, puis le cavalier, la tour et la roi. Les quatre pions étaient devant les pièces, comme dans le jeu actuel. Les pièces se mouvaient comme aujourd’hui, sauf les pions, qui n’avançaient que d’un pas au premier coup, et sauf les fous, qui sautaient diagonalement à chaque troisième case, en passant par-dessus la case avoisinante, sur laquelle ils n’avaient pas d’action. Il en résultait qu’ils ne pouvaient atteindre que sept cases sur l’échiquier outre celle qu’ils occupaient, et qu’aucun des quatre fous ne pouvait attaquer aucune des cases des trois autres. Les pions parvenus à la dernière ligne de l’échiquier se transformaient en tours ou en cavaliers. Un objet important pour chaque joueur était de diriger avec adresse son roi vers la case du roi allié. S’il réussissait à atteindre cette case avant que son allié lui eût joué le même tour, il prenait le commandement des deux armées. Après quoi son objet essentiel était de prendre les rois ennemis, gagnant ainsi la çaturaji, c.-à-d. remportant la victoire.
Tel fut le primitif jeu des échecs, qui connut aussi en Inde ses plus grandes évolutions : abandon des dés (le seul recours hasard désormais se réduisit au choix de celui qui commencerait la partie); passage de quatre à deux joueurs.
Depuis l’Inde, le jeu se propagea selon plusieurs routes : la première le fait revenir en Chine d’où, sous différentes variantes, il se diffuse en Corée et au Japon; une autre route, qui pourrait remonter au XIIIe siècle, le conduit jusqu’en Russie, via l’Empire mongol ou, peut-être, l’Empire byzantin, et ensuite en Europe du Nord (Scandinavie, Allemagne, Ecosse); selon une dernière route, qui finira par absorber les précédentes, le jeu arrive au VIe siècle (sous le règne de Khosroès Ier) en Perse, puis dans l’Empire arabe (VIIe siècle) et enfin, de là, en Europe du Sud (Espagne, Italie, France).