Durant le règne de son frère, Yaa Asantewa fut témoin d’une série d’évènements menaçant le futur de la confédération Asante, notamment la guerre civile de 1883 à 1888. Quand son frère mourra en 1894, elle usera de ses droits en tant que reine Mère pour nominer son petit fils “Ejisuhene” (chef). Et lorsque finalement ce dernier sera obligé de partir en exile aux Seychelles en 1896, accompagné du roi d’Asante Prempeh Ier, Yaa Asantewaa devint régente du district Ejisu-Juaben. C’est alors que le général britannique Frederick Hodgson exigera qu’on lui remette le “Tabouret Doré” (“Golden Stool”), symbole de la nation Asante.
Cette demande irrespectueuse obligera les membres du gouvernement d’Asante à se réunir à Kumasi pour discuter du retour du Roi. Cependant, lors de la réunion, il y aura une divergence d’opinion quant à ce retour. Yaa Asantewaa, présente à cette assemblée majoritairement masculine se lèvera et s’adressera à l’assemblée en ces termes aujourd’hui célèbres:
Je constate que certains parmi vous craignent d’aller au front et de combattre pour notre roi. Si nous étions aux temps de Osei Tuty, d’Okomfo Anokye et d’Opoku Ware, les chefs ne seraient jamais restés assis à regarder leur Roi être emporté ainsi sans même tirer un seul coup de feu. Il est donc vrai que la bravoure n’existe plus à Asante ? Je peux à peine le croire. Les choses ne peuvent pas se passer ainsi. Je me vois obligée de vous dire que si vous, hommes d’Asante ne vous levez pas, nous, nous le ferons. Oui, nous, les femmes, nous irons. J’appellerai les femmes, et ensemble nous combattrons les hommes blancs. Nous nous battrons jusqu’à ce que la dernière d’entre nous tombe sur le champ de bataille.
Cette rébellion signera la fin d’une série de guerres tout au long du 19e siècle, et le 1er Janvier 1902, les britanniques pourront finalement faire de l’Empire Asante un protectorat de la couronne britance, chose que l’armée d’Asante leur avait empêché d’accomplir pendant au moins un siècle. Yaa Asantewa mourra en exile, et trois années après sa mort, en décembre 1927, Pempreh Ier ainsi que d’autres membres exilés de la cour d’Asante auront le droit de rentrer sur leur territoire.
Le rêve de la reine mère s’accomplira enfin en mars 1957, quand le protectorat d’Asante obtiendra son indépendance et fera partie du Ghana, première nation africaine à atteindre une telle victoire. Yaa mdemeure une figure très appréciée de l’histoire d’Asante et de celle du Ghana. Elle représente le symbole du courage contre l’injustice du colonialisme britannique.
La “Yaa Asantewa Girls’ Secondary School”, école secondaire pour jeunes filles qui porte son nom, a d’ailleurs été crée en 1060 pour encourager le leadership de la femme dans la société ghanéenne. En aout 2000, on célébrera le centenaire du Ghana pendant une semaine et on se souviendra des œuvres de Yaa Asantewa. Au même moment, un musée a été dédié au district de Ejisu-Juaben. Mais malheureusement, un incendie saccagera le musée en juillet 2004 et détruira plusieurs objets, dont les sandales et la tenue de combat que portait Yaa Asantewa, et que l’on peut voir sur la seule photographie qu’on a d’elle (voir ci-dessus).
Par Natou Rha
SOURCE: http://reinesheroinesdafrique.doomby.com/pages/recits-des-reines-heroines/yaa-asantewa.html