Il y a quelques milliers d’années, des civilisations prospères ont existé sur ce continent. Celles-ci n’étaient en rien inférieures à celles qui existaient alors dans d’autres continents. Les africains étaient politiquement libres et économiquement indépendants. Ils avaient leur propre structure sociale et leurs cultures étaient véritablement autochtones. La période coloniale culmina par la mise en chaîne et l’asservissement de notre continent. Nos peuples, autrefois fiers et libres, furent réduits en en esclavage et humiliés. Aujourd’hui, l’Afrique est sortie de cette sombre période.
Elle vient de renaître comme un continent libre, et les africains comme des hommes libres. Le sang qui a été versé et les souffrances éprouvées sont les meilleurs gages de notre liberté et de notre unité. Quel que soit le lieu de notre rencontre, c’est avec respect que nous nous souviendrons de tous ces africains qui refusèrent d’accepter le jugement passé contre eux par les colonialistes et les impérialistes, de tous ceux qui eurent espoir, sans faiblir, dans les moments les plus sombres, en une Afrique libérée de toute servitude politique, économique et spirituelle.
Beaucoup d’entre eux n’ont jamais mis les pieds sur ce continent. D’autres, au contraire, y sont nés et y sont morts. Nous sommes réunis ici pour jeter les bases de l’unité africaine. Nous devons par conséquent, ici même et aujourd’hui, nous mettre d’accord sur l’instrument de base qui constituera le fondement du développement futur de ce continent dans la paix, dans l’harmonie et dans l’unité.(…)
Cette conférence ne peut se terminer sans l’adoption d’une Charte africaine unique. Si nous nous laissons guider par le souci d’un intérêt étroit et par une vaine ambition, si nous échangeons nos croyances pour des avantages à court terme, qui prêtera foi à nos paroles, qui croira à notre désintéressement ? Nous devons faire connaître nos opinions, sur les grands problèmes qui préoccupent le monde, avec courage et avec sincérité, en disant ce qui est.(…)
Nos actes et nos attitudes ne doivent pas être mis en doute. Soyons conformes à nos croyances afin que celles-ci nous servent et nous honorent.(…)
Nous nous engageons particulièrement à l’élimination totale de la discrimination raciale de notre continent.(… ) La discrimination raciale est la négation même de l’égalité psychologique et spirituelle que nous avons lutté pour obtenir. Elle est aussi un déni de la personnalité et de la dignité d’africain que nous avons établies par nos luttes. Le souvenir des injustices passées ne devrait pas nous faire perdre de vue les problèmes urgents qui se posent à nous. Nous devons vivre en paix avec nos anciens colonisateurs. Soyons exempts de récrimination et d’amertume. Renonçons à la futilité de la vengeance et des représailles. Débarrassons-nous de tout sentiment de haine qui ne peut que miner nos âmes et empoisonner nos cœurs. Agissons comme il sied à la dignité, que nous réclamons pour nous-mêmes en tant qu’africains, fiers de nos qualités propres, de nos distinctions et de nos capacités. Nous savons qu’il y a des différences entre nous. Les africains possèdent des cultures différentes, des valeurs propres, des attributs particuliers. Mais nous savons aussi, et nous avons là des exemples, que l’unité peut être réalisée entre hommes d’origines les plus diverses, que les différences de race, de religion, de culture, de tradition, ne constituent pas des obstacles insurmontables pour l’union des peuples.
L’histoire nous apprend que l’unité fait la force et nous convie à mettre de côté nos différences, à les surmonter, dans la recherche d’objectifs communs, à lutter avec nos forces unies, dans la voie de la véritable fraternité et unité africaines. Ce dont nous avons besoin, c’est d’une seule organisation africaine, par laquelle l’Afrique puisse faire entendre une seule voix. Nous formulons le vœux que nous ayons la sagesse, le jugement et l’inspiration nécessaires pour garder la confiance de nos peuples et de nos pays qui ont placé leur sort entre nos mains.”
“La discipline de l’esprit est un des éléments de base d’une moralité authentique et, par conséquent, d’une force spirituelle. En effet, une université, prise sous tous ses aspects, est, essentiellement une entreprise spirituelle qui, en plus de la connaissance et de la formation qu’elle transmet, guide les étudiants vers une vie plus sage et hautement sensible aux responsabilités dans la vie. Nous avons confiance dans le fait que ces institutions qui ont maintenant pour former l’université, seront étendues et développées, si bien que le nombre de techniciens Éthiopiens compétents continuera de s’accroître.”
Le pouvoir morale “Personne ne peut ignorer l’importance de la spiritualité dans ce cycle d’études. L’instruction et la formation technique doivent être nourries par la foi en Dieu, le respect lame humaine et le respect du raisonnement de l’esprit. Il n’est pas d’encrage plus sûr pour notre instruction, nos vies, et nos action publiques, et ces dernières doivent être couplées avec l’enseignement du divin et de ce qu’il y a de mieux dans la compréhension de l’humain.
La fonction de dirigeant développée ici est inspirée des valeurs fondamentales et du pouvoir moral qui ont constitué l’essence de nos enseignements religieux depuis des centenaires. Notre temps est un temps critique au cours duquel nations s’élèvent contre nations. Les tensions augmentent et le désastre est possible à tout moment. Les distances sont raccourcies. La paix et la vie sont menacées par le conflit et l’incompréhension. Il est grand temps aujourd’hui que la croyance sincère dans la parenté de l’homme à Dieu soit la fondation de tout effort que l’homme déploie pour son édification et instruction personnelles, la base de toute compréhension, coopération et paix.”