Même décédée depuis plus d’un siècle, Harriet Tubman remporte encore certains combats. Le dernier en date concerne une consultation en faveur de la présence de femmes sur les billets de banque américains. Il y a quelques mois, l’administration avait lancé une vaste enquête d’opinion pour savoir quelle devait être la première femme à orner les coupures de 20 dollars, corrigeant une anomalie vieille de 100 ans.
Eleanor Roosevelt ou la militante de la lutte contre la ségrégation raciale Rosa Parks auraient pu être mises à l’honneur. Mais, c’est bien le portrait d’Harriet Tubman qui remplacera celui d’Andrew Jackson à l’horizon 2020, année du centième anniversaire du droit de vote des femmes aux Etats-Unis.
«Une femme, une meneuse et une combattante de la liberté. Je ne peux imaginer meilleur choix pour le billet de 20 dollars qu’Harriet Tubman»
s’est exclamée dans un tweet Hillary Clinton, candidate démocrate à la présidence américaine.
De son côté, le secrétaire américain au Trésor, Jack Lew, a salué une personnalité qui «au-delà de la figure historique, a tenu un rôle de modèle et de leadership pour notre démocratie». A travers Harriet Tubman, c’est le triple combat contre l’esclavage, pour la reconnaissance des droits des noirs et des femmes au 19e siècle qui est salué aujourd’hui. Les livres d’histoires peinent à définir la date de naissance exacte de l’héroïne, non référencée comme celle de nombreux esclaves. Ils lui prêtent des origines ghanéennes, là aussi difficiles à prouver. Une mère cuisinière, un père travaillant dans une exploitation de bois du Maryland.
Cachée dans une porcherie pour éviter les coups
L’idée de résistance aurait émergé chez elle en voyant sa mère s’opposer à la vente d’un de ses fils à un autre propriétaire terrien. Très jeune, la future militante est «louée» à une autre famille, où elle est été victime de maltraitance. Chargée de surveiller un bébé pendant ses nuits, elle est frappée quand celui-ci se met à pleurer. Certaines biographies racontent aussi qu’elle s’est cachée plusieurs jours dans une porcherie pour éviter les coups de ses maîtres l’accusant d’avoir volé un morceau de sucre. Au fil des ans, les cicatrices s’accumulent sur son corps. Elle frôle la mort en recevant un poids d’un kilo sur la tête, jeté par un homme dans une mercerie. Elle en garde des séquelles, notamment des crises d’épilepsies. C’est aussi à cette époque qu’elle se dit guidée par la foi. Après son traumatisme crânien elle évoque des visions, des rêves, interprétés comme des signes divins.
La suite de son histoire est celle d’une première tentative d’évasion de la ferme où elle est exploitée. Par peur d’être vendue à un autre propriétaire du grand sud, elle s’échappe avec deux de ses frères, Ben et Henry. Mais un avis de recherche lancé dans un journal local pousse la bande à revenir à l’exploitation. Elle s’échappera finalement seule, quelques mois plus tard, grâce à l’aide de sympathisants quakers, une société religieuse, et d’autres membres du mouvement abolitionniste noirs comme blancs. Sa fuite la conduit sur les routes du Maryland, du Delaware, de Pennsylvanie, où elle voyage de nuit dans des charrettes. Comme de nombreux esclaves en fuite, elle emprunte aussi le fameux chemin de fer clandestin. C’est à cette époque qu’elle hérite du surnom de Moïse. Elle aide de nombreux fugitifs à quitter leur propriétaire, en dépit du «Fugitive Slave Act» de 1850, qui obligeait les états à collaborer à la capture des esclaves rebelles.
« Jusqu’à mon dernier souffle, je combattrai pour la liberté »
Lors de la guerre de sécession en 1861, elle rejoint un groupe d’abolitionnistes de Boston et de Philadelphie en Caroline du Sud. Sur le terrain, elle organise encore la fuite d’esclaves, au cours d’expéditions où elle essuie quelques coups de feu. Après la guerre et l’abolition de l’esclavage, elle oriente sa lutte en faveur des droits des noirs, mais aussi ceux des femmes. C’est à cette époque qu’elle se rend à New York, Boston et Washington pour participer à des conférences en faveur du droit de vote des femmes. Elle y mourut en 1913, à l’âge de 91 ans, après avoir raconté ses mémoires et promis que jusqu’à son dernier souffle, elle combattrait pour la liberté».
Harriet Tubman, la femme qui libéra 300 esclaves
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Features
Release Date | 2019-04-25T00:00:01Z |
Language | Français |
Number Of Pages | 176 |
Publication Date | 2019-04-25T00:00:01Z |