Ce documentaire retrace le parcours du docteur Denis Mukwege, un gynécologue et militant des droits de l’homme congolais qui procède à des opérations de chirurgie réparatrice sur des femmes violées en république démocratique du Congo.
Fabienne Bradfer écrit :
Les larmes d’un enfant ayant perdu un œil, son père, sa mère et ne pouvant plus aller à l’école. Les gémissements d’une fillette de huit ans enlevée dans son lit, la nuit et violée. La voix cassée du docteur Mukwege opérant une petite fille dont les parties génitales ont été massacrées. On apprend que les victimes sont aussi des bébés. On a envie de vomir, de hurler. Non, Thierry Michel ne fait pas dans le pathos. Il est d’une immense pudeur pour dénoncer l’innommable qui se passe au Congo, pays qu’il a souvent filmé, laisser la parole aux victimes, suivre un médecin prophète au milieu de la barbarie, regarder la beauté des femmes meurtries à jamais. Quand les choses deviennent trop dures, il en appelle aux chants congolais ou à Bach comme Coppola a pu le faire avec Wagner dans apocalypse now. Il filme avec ampleur la nature de la province du Kivu, paradisiaque et renvoie l’homme à sa petitesse face au grand tout de la création. Dans cette contrée à l’est du Congo, la guerre fait rage depuis vingt ans. Le corps des femmes est devenu le champ de bataille des hommes en armes. Combat sans appel. Denis Mukwege, gynécologue, a choisi les armes de chirurgien et d’humaniste pour aider ses femmes à se reconstruire. Physiquement, psychologiquement, juridiquement. Des nations unies à son hôpital sous surveillance, il risque sa vie pour réparer des vies. On le suit au quotidien. Chemin de croix bourré d’énergie menant à la résurrection. D’un côté le mal, de l’autre le bien. Prenant aux tripes, le film de Thierry Michel est un immense cri. Celui de tous les vagins violés, mutilés. Afin que justice soit rendue.