Si la pratique perdure encore de nos jours, pour la sociologue Juliette Smeralda, auteure d’un essai anthropologique qui retrace le cheminement de l’image de soi dans les diasporas noires et indiennes (1), la société occidentale impose des codes de beauté (peau claire, cheveux lisses) qui ne correspondent pas aux femmes noires. Une pression ressentie dès le plus jeune âge : «l’exposition constante de la fillette noire à la poupée occidentale risque de modifier son rapport intime à elle même». Même si les barbies de couleur ont fait leur apparition sur le marché du jouet, «la texture du cheveu, les traits du visage sont restés longs et caucasoïdes.» Cendrillon, Pocahontas, La Belle au Bois Dormant, Alice au Pays des Merveilles… Des contes pour enfants les plus connus aux films Disney, toutes les histoires imaginent le même type d’héroïne : brunes, blondes ou rousses, aux cheveux longs et lisses.
Se tourner vers les icônes de beauté noire ? Même les plus connues, comme Naomi Campbell, ne transgressent pas les codes imposés. «Les noirs vivent dans un monde où ils n’ont pas fixé les règles, ajoute Juliette Smeralda. Le rejet du cheveu crépu par le peuple noir s’explique aussi par la perte d’un héritage. Arrachés à l’Afrique et démunis de tous leurs biens, les esclaves n’ont pas pu transmettre l’enseignement de la coiffure». Une piste étudiée par le docteur Willie L. Morrow, dans son ouvrage intitulé 400 ans sans peigne.
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