Lorsque la relation d’amour se meurt et que, lâché, on court le risque de basculer dans le vide, il n’y a plus que la relation de haine pour retenir au bord du précipice. La haine est la réaction de défense ultime de l’être atteint de la maladie d’amour.
La haine est sous-tendue par la rage d’impuissance : « je te hais à mort parce que tu ne m’aimes pas ». La haine est donc le dernier lien, d’essence hallucinatoire, qui lie l’amoureux à l’objet indifférent, peut-être qui n’a jamais existé. Il faut « lire » la haine comme un dépit amoureux par lequel l’être qui perd ses illusions d’amour (sa raison de vivre) aspire de toutes les forces de son être à la destruction de sa « moitié » phantasmée.
La haine surgit au lieu de la désillusion. C’est ce qui amène à inscrire la relation de haine dans le registre imaginaire du sadomasochisme où il impossible de discerner qui agit et qui subit : qui mène le jeu ? En vérité, c’est la même personne qui est à la fois sadique et masochiste. Une auto-torture donc, la relation de haine. Celle de l’être en « souffrance » qui n’a pas bénéficié d’une structuration symbolique faute d’un père médiateur.
La haine force motrice du sadomasochiste est finalement à considérer comme une réaction contre l’état de mélancolie où l’amoureux déçu retrouve l’état d’harmonie avec l’Objet, dans la mort. En effet l’homme de haine est un être en souffrance qui, privé d’une mère symbolique pour lui servir d’objet d’amour primitif, refuse de mourir et déverse ses pulsions de mort sur la mère toute-puissante, aux fins de l’anéantir et lui substituer par magie l’objet d’amour halluciné.
Stigmatiser la haine et la culpabiliser relèvent de la pire cruauté, car c’est couper le dernier lien qui rattache un homme au monde et le basculer dans l’état de mélancolie.
Ce monde sans père est rempli d’êtres sadomasochistes sous-tendus par la haine de ne pas trouver une réponse satisfaisante à leur exigence d’amour. La maladie du monde est une maladie d’amour que les religions ont tenté en vain de guérir, en ignorant que la haine est un vécu psycho-physiologique qui témoigne d’un désir désespéré de vivre, en se sous-tenant d’un objet d’amour, dans ce monde.
Les religions ayant donc fait long feu il convient actuellement de chercher dans une autre direction une solution au problème de la haine qui est le produit monstrueux de la privation de l’objet d’amour Et si l’on essayait maintenant la psychart-thérapie qui a appris de la psychanalyse la valeur heuristique de la sublimation ? On ne guérit pas d’une passion fatale en y renonçant (ce serait la refouler) mais en sublimant les pulsions primitives qui la sous-tendent et déterminent ses ravages !
L’intérêt de la psychart-thérapie c’est, en faisant le déplacement dans le champ de la métaphore, d’offrir l’opportunité de vivre pleinement sa relation sadique avec la mère masochiste dont le support artistique s’avère le substitut idéal. On peut ici se permettre de la souiller, de l’agresser, de l’agresser, de la froisser, de la déchirer, de la piquer, en un mot de lui en faire voir de toutes les couleurs. Sans qu’elle se plaigne, pour cause !
Et cette activité destructrice symbolique qui s’inscrit dans les limites du support, n’a de fin assignable à priori. On la poursuit jusqu’à l’usure si nécessaire du carton, jusqu’à ce que l’inconscient soit vidé de ses phantasmes et que le patient reconnaisse qu’il est repu, comblé de jouissance sadomasochiste métaphorique. C’est alors qu’.il entre dans les dispositions d’esprit favorable à la réception du Verbe.
L’activité destructrice métaphorique du patient habité par le Verbe culmine à l’émergence d’un gribouillis substitut de la mère anale, porteur de stigmates et de traces signifiantes qui attirent l’attention du patient édifié qui aspire à émerger du magma. L’être porteur de Verbe (principe créateur) est l’équivalent du scarabée qui façonne la matière. La fonction du créateur humain est de récupérer et de mettre en formes préverbales (éléments constituants du Langage) les embryons de formes qui surgissent du gribouillis qu’il manipule.
L’entrée dans l’Ordre symbolique a pour effet de dissiper comme neige au soleil le vécu imaginaire de haine et de gratifier de l’aptitude à contracter une relation amoureuse, dans la relation d’objet.
La structuration symbolique s’avère donc le remède qui opère la neutralisation du « venin » de la haine cette « maladie infantile » des hommes captifs des mères toutes-puissantes.
En conclusion, nous dirons que dans cette société bloquée dans son développement par la toute-puissance du « jouir » et du « profit maximum », la haine est « la chose du monde la mieux partagée ».
GROBLI Zirignon, Psychart-thérapeute
Art Thérapie et la Resolution des Conflits
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Features
Release Date | 2005-11-01T00:00:01Z |
Language | Français |
Number Of Pages | 208 |
Publication Date | 2005-11-01T00:00:01Z |