L’attitude des africains en la matière est un thème encore très peu étudié mais que l’on a déjà falsifié à maintes reprises. Les négriers et les racistes l’ont falsifié à l’époque, et de nos jours, cela a été le tour des historiens bourgeois d’orientation coloniale et néocoloniale. C’est un thème complexe, et il nous semble que les africanistes ne disposent pas encore de matériaux suffisants pour procéder à son étude définitive. Comme beaucoup d’autres régions du globe, l’Afrique a connu l’esclavage et la traite des noirs avant la venue des européens, nous l’avons déjà précisé dans cet ouvrage. C’est pourquoi, lorsque, au début, les européens commencèrent à acheter des esclaves, entrant en relations commerciales avec les africains, cela fut considéré comme un arrangement commercial ordinaire.
Cependant, dès le début, les rencontres entre Européens et Africains furent rarement amicales. Des matelots armés se jetaient sur les Africains venant en confiance ou avec crainte à la rencontre de ces hommes blancs qu’ils n’avaient jamais vus, ils tuaient ceux qui résistaient et emmenaient les autres, ligotés, sur leur vaisseau.
Malgré une évidente supériorité en armement, les colonisateurs ne purent briser les Africains, leur inspirer une crainte permanente. Le “télégraphe local”, c’est-à-dire les signaux de fumée ou les tam-tam, annonçait peut-être l’apparition des terribles étrangers, mais le fait est qu’ils se heurtèrent de plus en plus souvent non à une résistance, parce qu’une résistance ouverte aux Portugais équipés d’armes à feu était impossible, mais à une hostilité permanente et quotidienne, quand la moindre possibilité était mise à profit pour les attaquer. Les attaques soudaines, les flèches empoisonnées accueillaient de plus en plus fréquemment les européens.
Gonçalo de Cintra, un des premiers capitaines portugais ayant mis le pied sur le sol d’Afrique occidentale, fut tué aux abords de l’île d’Arguin.
En 1455, Luigi di Cadamosto et Antonio Uso di Mare, qui avaient atteint la Gambie pour la première fois, décidèrent de remonter le fleuve. Cependant, les Africains attaquèrent leurs navires avec une telle furie que les matelots refusèrent de poursuivre leur route et insistèrent pour qu’on rebrousse chemin.
Dans les conditions de la réalité africaine des 15e-17e siècles, il ne pouvait se produire de grandes révoltes, bien organisées, contre les Européens. Dans les régions où ces derniers pénétraient et qui devinrent par la suite l’aire d’extension du commerce des esclaves, il n’existait presque pas de grandes formations étatiques. La politique des colonisateurs tendait à semer la discorde entre les chefs des différentes tribus. Les européens avaient derrière eux les pays les plus avancés de leur temps, avec leur matériel et leur expérience militaire. Au début, l’Afrique ne pouvait opposer aux armes à feu européennes que des arcs et des flèches, de petits détachements de guerriers de tribus isolées.
Cherchant à se fixer sur la côte, les colonisateurs, devant la résistance opiniâtre des africains, construisaient en hâte des fortifications pour se préserver des attaques des habitants de la région.
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