Les Wodaabe ( du peul : Woɗaaɓe, singulier Boɗaaɗo) sont un sous-groupe du peuple peul. On les désigne parfois sous le nom de Bororos – à ne pas confondre avec les Bororos d’Amazonie ou Mbororo.
Les Wodaabe sont traditionnellement des éleveurs nomades et des marchands, leur migrations les mènent du sud du Niger, au nord du Nigeria, dans le nord-est du Cameroun, au sud-ouest du Tchad et les régions occidentales de la République centrafricaine. Depuis quelques années ils pénètrent également dans les régions du Bas-Uele et du Haut-Uele, frontalières de la Centrafrique et du Soudan.
Les Wodaabe du Niger sont réputés pour leur beauté (aussi bien les hommes que les femmes), leur artisanat élaboré et leurs riches cérémonies.
Les Wodaabe sont souvent polygames. Les mariages sont arrangés par les parents alors que les futurs époux sont encore enfants. La mariée reste avec son mari jusqu’à ce qu’elle soit enceinte, elle retourne alors chez sa mère où elle donne naissance à l’enfant, devenant alors une boofeydo ce qui signifie littéralement, « quelqu’un qui a fait une erreur »; elle restera ensuite chez sa mère durant trois ou quatre ans.
Pendant toute l’année, les jeunes Wodaabe attendent la cérémonie de la Geerewol. Cette grande fête de la pluie dure six jours et six nuits. Les clans familiaux, représentés par leurs plus beaux danseurs, s’affrontent dans un concours de beauté pour hommes dont le jury est constitué par les plus belles filles de la tribu. La danse se termine par la séduction et des échanges amoureux.
Fardés, drogués au bendore (décoction faite d’écorce noire de banohe, de gypse pilé et de lait), les danseurs arborent leurs colliers de perles et de cauris, leurs amulettes et une plume d’autruche blanche au front.
Les danseurs confectionnent eux-mêmes leur tenue. Ils passent un pagne de femme sur leur vêtement de cuir, une chaîne de cauris, le barbol, terminée par une minuscule calebasse, pends dans leur dos.
Les jeunes filles, parées d’innombrables bracelets, se préparent aux rites de la séduction. Après la danse, elles choisiront celui qui, pour une nuit ou pour la vie, partagera leur couche.
En plus des parures élaborées dont elles sont revêtues, les jeunes femmes Wodaabe ornent leurs jambes d’anneaux de bronze superposés et astiqués avec de la boue et du sable. Ces atours étaient, jadis, portés jusqu’au deuxième enfant. Les femmes mariées qui assistent aux cérémonies de la Geerewol font parfois preuve d’une grande liberté de choix et il leur arrive de disparaître avec un beau danseur.
Les canons de beauté sont stricts, les Wodaabe admirent les visages ovales, les traits fins, les nez minces et longs et les dents blanches et régulières. Le danseur devra se farder longtemps. Il étale sur son visage du beurre mélangé à de l’ocre. Les yeux, les lèvres et les sourcils sont soulignés au charbon. Un trait jaune continu épouse la ligne dorsale du nez qu’il allonge.
La Geerewol finie, les Wodaabe quittent les zones d’abondance en quête de nouveaux pâturages. Les femmes suivent les troupeaux à dos d’ânes, avec un chargement complexe assurant la survie des pasteurs pendant la saison sèche.
Seules les sécheresses comme dans les années 1970 font vaciller l’équilibre écologique des Wodaabe qui reconstituent, petit à petit, leur cheptel anéanti. La tradition et la sagesse sont l’ossature de ce peuple courageux. Pourtant, la misère pousse de nombreux jeunes Wodaabe à quitter la vie nomade pour les bidonvilles.